Elon Musk en statue romaine antique

Pourquoi il faut arrêter de célébrer le génie d'Elon Musk et de Steve Jobs

Dans Le Mythe de l'entrepreneur, Anthony Galluzzo démontre en quoi toute la mythologie autour des entrepreneurs stars, dont Elon Musk est le dernier avatar, est fallacieuse.

Elon Musk sera la tête d'affiche à la grande messe des nouvelles technologies Vivatech vendredi 16 juin à Paris. Alors que certains trépignent de le voir sur scène, nous vous proposons de lire ou relire cette interview du chercheur Anthony Galluzzo sur le mythe de l'entrepreneur initialement publiée le 17 janvier 2023.

Régulièrement, le même miracle semble se produire : un être exceptionnel parvient, grâce à sa vision, à chambouler tout un pan de l’économie. Steve Jobs aurait ainsi changé le cours de l’histoire avec le Macintosh, Jeff Bezos avec Amazon, Elon Musk avec Tesla… Et bien sûr, sans ces célébrités entrepreneuriales, jamais un tel changement ne se serait produit. Eux seuls sont responsables de leur trajectoire extraordinaire. Anthony Galluzzo s’applique à déconstruire cette histoire qu’on aime se raconter à l’infini. Dans Le Mythe de L’entrepreneur (Zones, 2023), il décortique l’histoire d’Apple et la manière dont celle-ci a été racontée, pour comprendre les caractéristiques de glorification de l'entrepreneur génie à tout faire et ses effets sur notre représentation du monde du travail. En célébrant à outrance un seul homme, ce mythe finit par annihiler la production des travailleurs.  

Anthony Galluzo est maître de conférences en sciences de gestion à l’université de Saint-Étienne. Il s’intéresse principalement à la consommation et ses imaginaires. Son précédent livre La Fabrique du consommateur vient d’être édité en poche aux éditions La Découverte. Dans cette interview, il nous explique ce qu’est le mythe de l’entrepreneur, et comment et pourquoi nous continuons d’y croire et de le diffuser. 

Pourquoi avoir choisi Steve Jobs pour illustrer le mythe de l’entrepreneur ?

Anthony Galluzzo : J’aurais pu choisir un autre exemple car de la fin du XIXème siècle à nos jours, la structure du mythe de l’entrepreneur reste grossièrement la même. J’ai choisi Steve Jobs parce qu’il est à la fois suffisamment éloigné et proche de nous. Son récit entrepreneurial a l’avantage d’avoir un début et une fin. Il commence dans les années 1970 et se termine à la fin des années 2010. Steve Jobs continue d’être présent dans notre culture, son image reste très liée à celle d’Apple. Mais son histoire n’est pas trop récente donc il y a suffisamment de documentations pour pouvoir établir des analyses.

Quelles sont les composantes du mythe de l’entrepreneur ?

A.G. : Selon ce mythe, l’entrepreneur est un créateur, une figure démiurgique capable de créer à partir de rien. Il est aussi un visionnaire ; il a le don de voir ce que personne ne voit. Il est un inspirateur, capable d’animer ses employés, de les inspirer. C’est un rebelle, on ne l’identifie ni au patron, ni au capitaliste. Il est génial, ses qualités et ses compétences ne peuvent pas être expliquées par autre chose que par lui-même. Enfin, c’est grâce à lui, nous dit-on, que l’économie se réinvente et se régénère.

Vous expliquez que ce mythe est fallacieux. Apple, par exemple, n’a pas été uniquement construite par Steve Jobs. Il y a eu le travail de Steve Wozniak, l’influence de Xerox, HP… Pourquoi, alors que les éléments de ce récit plus collectif existent, on aime se reraconter cette histoire du jeune nerd dans son garage.

A.G. : Parce que c’est une histoire séduisante. Expliquer comment un être humain est avant tout le produit de son environnement, que ses trajectoires ne sont pas mues par sa volonté mais par un ensemble de facteurs l’est moins. L’analyse des trajectoires sociales et économiques est assez peu prisée dans la fiction. Les récits qui s’échangent sont des récits d’individus racontés sur un mode héroïque. Dans la mythologie, tout passe par le héros. Dans l’analyse scientifique, on n’analyse pas l’individu selon sa propre existence magnifiée, réifiée, mais à travers un ensemble de réseaux dans lequel il s’insère. L’analyse scientifique désenchante. Alors que les récits qui se colportent, qui plaisent, qui font des films, visent souvent à émerveiller.

Au-delà de l’attraction pour le mythe, il y a aussi la dimension économique et médiatique. Pour vendre du papier, ou faire du clic, les médias ont un attrait pour ce type d’histoires séduisantes… Le journaliste peut avoir des réticences sur le fond du récit tout en se faisant le vecteur du mythe. Investir dans le storytelling, du point de vue de l’entreprise, est utile également pour se valoriser financièrement. Des raisons structurelles expliquent pourquoi ce mythe est adapté à notre système économique. 

Le mythe de Steve Jobs a-t-il été orchestré par lui-même ? Vous racontez dans le livre comment il a notamment organisé sa propre biographie posthume.  

A.G. : Dès la formation d’Apple, Regis McKenna, un conseiller en communication, a embarqué Steve Wozniak et Steve Jobs dans une tournée des rédactions à New York. Il a mis en avant cette histoire de deux gamins révolutionnant toute une industrie dans un garage. Puis Steve Jobs a entretenu ce mythe toute sa carrière en devenant un homme très médiatique, prenant le rôle de storyteller. C’est d’ailleurs le cas de toutes les célébrités entrepreneuriales car cela fait partie de leur modèle économique personnel. Une célébrité entrepreneuriale détient un capital principalement symbolique. Si elle prend le contrôle d’une société, celle-ci sera valorisée. Dans les années 1980-1990, les salaires des dirigeants ont fortement augmenté, notamment ceux des dirigeants célèbres, parce qu’il y avait une presse économique (TV et magazine) de plus en plus importante, donc davantage de vecteurs de starification. Leur célébrité se monnaye, puisque la publicité qu’ils suscitent rejaillit sur l’entreprise. 

Est-ce un modèle propre à la Silicon Valley ? 

A.G. : On le retrouve un peu partout dans le monde et dans différents types d’industrie. On peut citer Richard Branson (Virgin), Tony O’Reilly (Heinz), Jack Welsh (General Electric)… Plus tôt dans l’histoire, on retrouve Henry Ford, Thomas Edison, Andrew Carnegie. C’est effectivement assez lié à la civilisation américaine car c’est à la confluence de différentes thématiques de leur imaginaire : l’homme de la frontière, l’aventure du rail, l’âge doré, le self-made man, la dimension messianique... Leur imaginaire véhicule l’illusion d’une nation sans classes, où tous les talents peuvent s’exprimer. Tout cela grâce à la justice infaillible du marché, qui dynamise le corps social et récompense les méritants. Mais le soft power américain est si fort, que leur imaginaire est aussi le nôtre. 

Le storytelling entrepreneurial est largement repris par les startups en France… 

A.G. : Oui, et chez les gourous du développement personnel et de l’entrepreneuriat, aussi. Eux-mêmes se vendent comme des éminences, comme des êtres supérieurs. S’ils étaient modestes et modérés dans leur propos, cela ne fonctionnerait pas. 

Vous dites que dans nos imaginaires, l’entrepreneur est distinct du patron et du capitalisme. Mais sommes-nous toujours dupes de ce mythe ? 

A.G. : Nous y croyons sans y croire. Les discours critiques sont nombreux. Il y en avait même plus il y a un siècle et demi puisque fin XIXème siècle, les idées socialistes et anarchistes étaient davantage présentes en Europe et en Amérique. La crédulité n’a jamais été totale… Et l’incrédulité est à relativiser. Changeons de référents : parmi les militants de la droite radicale, certains sont sceptiques par rapport aux grands entrepreneurs et à l’héroïsation de la Silicon Valley, mais parfaitement crédules quand il s’agit d’admirer le général De Gaulle ou Napoléon. Or, les caractéristiques narratives, les topoï, sont pour l’essentiel les mêmes. Le but est d’asseoir une autorité, un pouvoir, de faire admirer et faire obéir. Le mythe de l’entrepreneur est un sous-ensemble du mythe du Grand Homme. Des personnes de la culture startup qui baignent dans le mythe de l’entrepreneur peuvent en revanche penser que les grands récits nationaux relèvent de la fable. Une même personne peut avoir un rapport plus ou moins enchanté à ces imaginaires selon le contexte. 

À mes yeux, ce mythe est assez puissant et mobilisateur pour que la plupart des hommes et femmes de pouvoir véhiculent des idées qui s’y rapportent. Les « premiers de cordée » chez Emmanuel Macron, Donald Trump qui évoque ses réussites économiques pour briguer la présidence… 

Steve Jobs était assez peu remis en question. Elon Musk l’est beaucoup plus. N’est-ce pas le signe que ce mythe s’étiole ? 

A.G. : Le mythe ne s’éteint pas, mais une mue est peut-être en train de s’opérer. Des films récents comme Don’t Look Up ou Glass Onion se moquent de la figure de l’entrepreneur génial. C’est une résurgence assez récente. Je parle de résurgence car il y avait déjà beaucoup de caricatures des grands patrons dans la presse de la fin du XIXème siècle. Cependant, je pense qu’il faut distinguer le mythe de ses incarnations passagères. Elon Musk a dit et fait des choses critiquables pendant des années et cela dérangeait peu la presse américaine. Au milieu des années 2010, il affirmait vouloir coloniser Mars, éradiquer toutes les maladies en un temps record, mettre sur le marché des robots taxi en 6 mois. Toutes ces promesses farfelues n’ont jamais écorné son aura jusqu’à dernièrement. Il n’a pas fondamentalement changé de comportement, mais depuis qu’il s’est attaqué à Twitter, l'on considère davantage qu’il se disperse

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Il y aura d’autres célébrités entrepreneuriales, mais leur positionnement sera peut-être doute différent. Les prochains seront peut-être davantage doués en green washing et social washing. Peut-être que les personnages grandiloquents comme Elon Musk vont laisser place à des personnages plus sobres. Mais les fondamentaux du mythe et les structures du pouvoir resteront certainement les mêmes. 

Dans votre livre vous parlez d’Elon Musk comme d’un Steve Jobs augmenté. Pourquoi ?

A.G. : Elon Musk s’inscrit dans la continuité de 150 ans de célébrité entrepreneuriale. Sauf qu’il est en quelque sorte la version « Donald Trump » du mythe. Il en est la parodie. Il restitue toutes les composantes du récit, mais d’une manière plus caricaturale que jamais. D’abord par ses fonctions. Jusqu’à lui les autres entrepreneurs stars étaient connus pour avoir fondé et géré une entreprise. Lui est connu pour en diriger 5 simultanément. Il en est en fait l’incarnation publicitaire, et contribue à entretenir une bulle financière autour de certaines d’entre elles. 

Une des idées fortes du mythe est la distinction entre l’entrepreneur et le capitaliste, l’exploiteur. Pour appuyer cette idée, certains se sont investis dans la philanthropie ou se présentent comme des personnes nous aidant à faire des bonds en avant sur la route du progrès. Steve Jobs se décrivait comme un humaniste à la recherche du beau, par exemple. Elon Musk pousse l’idée encore plus loin. Dans un échange de tweets, Bernie Sanders explique que quelques milliardaires captent une partie considérable de la richesse, une personne lui répond « OK, mais pas Elon Musk ». Et ce dernier s’insère dans la conversation et dit : « ma mission c’est de faire de l’humain une espèce multiplanétaire »... La prétention est extraordinaire ! Steve Jobs avait déjà une dimension messianique très forte. Mais son ambition de créer de beaux objets électroniques était finalement extrêmement modeste par rapport à la conquête de l’espace. Par ailleurs, Steve Jobs ne communiquait que sur ce qui venait de sortir. Apple cultivait une grande culture du secret pour les projets en développement. Elon Musk, lui, fait la publicité de produits qui n’existent pas encore, voire qui n’existeront jamais. Quand il commence en 2019 à communiquer sur son implant cérébral Neuralink, il explique que « sous quelques mois » il pourra guérir la maladie d’Alzheimer, les lésions de la moelle épinière, les pertes de mémoire, la surdité, l’insomnie, la paraplégie et l’autisme…

Quand des figures entrepreneuriales sont destituées parce qu'elles échouent ou sont à l’origine d’un scandale financier (Elizabeth Holmes ou Sam Bankman Fried), on remet rarement le mythe de l’entrepreneur en question… 

A.G. : Effectivement, on les relègue dans une autre case. On pensait qu’il s’agissait d’entrepreneurs à succès, mais finalement ce sont des escrocs. Cela n’interroge pas notre croyance en l’entrepreneur. Elizabeth Holmes a été pendant plusieurs années la nouvelle Steve Jobs, avec le petit plus éthique puisque son entreprise faisait dans le médical. Mais en quelques mois, elle est poursuivie pour escroquerie, tout se retourne et elle devient un personnage de thriller. Elle est décrite comme une escroc et une malade mentale. Elle est transportée d’une case à l’autre sur l’échiquier médiatique. Elle reste la même personne, mais le regard porté sur elle change. La crédulité générale demeure, cependant. Les désaveux et les scandales n’entament pas le mythe de l’entrepreneur : celui-ci reste le cadre narratif omniprésent.

Quelles sont les conséquences du mythe de l’entrepreneur sur notre représentation du travail ?

A.G. : Plus les décennies passent, plus les capitalistes sont capables de bouleverser les chaînes d’approvisionnement, déménageant leurs usines d’un pays à l’autre. La production est devenue insaisissable et complexe. En 1920, Henri Ford contrôlait tout : des chemins de fer à la distribution, en passant par la fabrication des pièces. Cela n’existe quasiment plus. La chaîne logistique globalisée complexifie le travail et dilue les responsabilités. En cas d’attaque, le commanditaire – qui ne gère que le marketing et le design – peut se défausser sur les sous-traitants. 

Cela a un impact sur nos imaginaires. Une partie de la population, notamment bourgeoise, peine à se représenter ce que sont les rapports de force au travail. Nous avons une vision parfois très naïve de la production. Nous pensons que les conditions de travail peuvent s’améliorer en changeant nos choix de consommation par exemple. Or, le problème est structurel au capitalisme, qui est indissociable de l’exploitation, de la réduction perpétuelle des coûts dans la lutte concurrentielle, et donc du nivellement social par le bas. Les gens sont parfois assez ignorants de cela puisque les techniques et les chaînes de production sont mal connues. Notre imaginaire est plein d’entrepreneurs, la classe ouvrière reste anonyme. C’est pour cela que dans le livre, je décris des scènes de fabrication de pièces électroniques. Je pense, sans trop m’avancer, que certains passages de mon livre surprendront les lecteurs qui s’imaginent l’électronique comme quelque chose de pur, propre, et « moderne » alors que c’est un travail profondément destructeur pour le corps des ouvriers.

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
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commentaires

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  1. Avatar Anonyme dit :

    Le travail aujourd'hui est sous payé et non valorisé, les PME et TPE payent plus d’impôts en pourcentage que les 1% des entreprises qui gagnent des milliards d'euros par an en défiscalisant un maximum, avec le consentement des hommes politiques, depuis plus de 50 ans, le peuple et les classes moyennes se font bouffer !... tout le monde est tiré par le bas, et les 49.3 successifs de Borne confirment qu'il n'y a plus de démocratie en France pour le peuple français !....

  2. Avatar salord dit :

    Le grand Jules Verne avait bien vu arriver ce genre de personnages au travers de la toute puissance industrielle naissante à son époque. Il décrit parfaitement la typologie humaine concernant ces gens issus d'un système économique surpuissant cherchant à s'accaparer la puissance globale et planétaire. Robur le conquérant, l'industriel Schulze dans La Bégum, Maitre du Monde, une ville flottante, le Humbung, nouvelle édifiante à ce sujet... tout n'est que poussière. Et ces gens là, Jules Verne leur règle bien leur compte . Régalez vous à le lire ! C'est d'une fraicheur impitoyable ! Pour lui l'hypertechnologie est vouée à imploser. Vivifiant ! N'hésitez pas à me questionner à ce sujet.

  3. Avatar Anonyme dit :

    Des banalités très décevantes de crypto marxiste. Totalement dépassé

  4. Avatar John dit :

    Extrêmement intéressant et lucide quant à cette déification des entrepreneurs high tech particulièrement insupportable.

  5. Avatar Anonyme dit :

    Fasciner pour mieux subtiliser les richesses, faire croire que les personnes ordinaires qui travaillent dur ne méritent pas de vivre dignement et de profiter des richesses qu'elles produisent et doivent ceder le maximum librement au profit d'un patron ?? Ça rappelle le comportement des sectes ??

  6. Avatar PAG dit :

    L'article ne cite pas Walt Disney (https://bit.ly/3H5nvCk). Même si les entrepreneurs cités ne sont pas seuls (qui l'est ?) à l'origine de leur succès, même s'ils racontent, ou si l'on se raconte ou encore si l'on nous raconte des histoires, il n'en demeure pas moins qu'ils ont réussi à réaliser des choses qui n'existaient pas avant eux : mettre du son sur les images d'un cartoon, synchroniser la musique avec les images, déplacer des foules dans le monde entier pour visionner "Blanche neige et les sept nains", créer des parcs d'attraction... faire rêver des millions d'enfants. Croire à certaines histoires n'a-t-il pas toujours mis en mouvement ? N'y a-t-il pas des hommes et des femmes (les oubliées de cet article) "prophétiques" qui méritent le respect et forcent l'admiration ? Qu'il y ait un "Halo effect" autour des ces personnes est finalement tout à fait humain et conforme à la manière dont nos cerveaux fonctionnent. Peu de personnes sont dupes et nous savons bien au fond que personne n'est parfait. Pourtant ces histoires suscitent des vocations, elles entraînent et parfois font que le monde est juste un peu moins triste. Finalement, ce n'est pas sur eux qu'il faudrait écrire mais sur nous, pauvres hères crédules !

  7. Avatar Ludovic Bu dit :

    Merci pour votre contribution documentée à la deconstruction du mythe pseudo écolo Elon Musk et autres startuppers qui font surtout du greenwashing ! Je m'emploie à en faire de même dans mes conférences, notamment celle intitulée "Les start-ups changent-elles le monde ?".

  8. Avatar Anonyme dit :

    Dans ce genre d'histoire, l'impression dominante, c'est l'incompétence… Celle des "croyants" comme celle des "anti-croyants". En particulier quand il s'agit de journalistes, qui ont du "papier" à vendre. La réussite de jobs (en équipe avec son pote Wozniak), ce n'est pas tant le Macintosh que l'Apple II (inconnu des "tout-petits" qui lisent les articles). Et ce qui a fait la différence avec la foultitude de fabricants de micro de l'époque, c'est le fait d'avoir assumé le coût du sida, quand les dev. crevaient comme des mouches. Apple était juste un fabricant de micro comme les autres (haut de gamme, si tant est que le terme ait eu un sens à l'époque). Après, c'était quasiment le seul, ses concurrents ayant déposé le bilan. Les kids sont arrivé dans un monde "IBM PC (puis M$ PC) vs. Apple Macintosh", avec des "histoires religieuses" pour expliquer sans savoir.

    Au fait, d'où venait l'argent du lancement ? de la survie au sida ? Apple est une "inc.", pas une "corp."… Mais c'est un sujet qui "colle" mal avec les bouquins sur le thème "patron démiurge", qu'on soit pour ou contre.

    Et qui pense à souligner ce point commun, pourtant vital, entre Jobs et Musk ? Ce ne sont pas des techniciens, encore moins des ingénieurs, mais ils sont capable de communiquer avec eux, d'écouter et de comprendre les arguments technique (et de détecter quand on tente de les "rouler dans la farine"). Savez vous que la sortie de l'iPhone "originel" a été retardée de 2 ans ? Pas pour des raisons "marketing" ou "esthétique", non. Il fallait attendre que la technologie de Samsumg (pas encore marchand de téléphone) permette de "faire tenir" la tripaille de l'iPhone dans 2 puces ! Un "pur technicien" aurait proposé une solution "en 3 puces", un pur gestionnaire n'y aurait rien trouvé à redire (mais exigé une interface "au standard du marché").
    Les contraintes techniques l'emportant sur les contraintes "gestionnaires" en restant dans la "logique du produit"… À comparer, par exemple, avec le "bon gestionnaire professionnel" qui a lourdé Jobs pour faire de la bonne gestion (et de mauvais produits) au risque de couler la boîte "avec professionnalisme". Tout en caressant amoureusement un produit voué à l'échec, son marché ayant disparu ! "aimer" les produits ne sert à rien. Ce qu'il faut c'est les comprendre, et leurs clients aussi.
    Ce qui n'est le cas ni des "purs" gestionnaires, ni de la plupart des journalistes. Et pas toujours de Jobs.

    Un autre point commun, suffisant pour leur valoir la haine de certains, c'est qu'il ne sont pas de gauche. Et aucun argument rationnel ne vaut face à cela…

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